Crédits photo : YA+K
Journée organisée par Étienne Delprat et Émeline Jaret (PTAC - EA 7472, université Rennes 2), dans le cadre du programme de recherche-création « Habiter l’entrelieu, produire le(s) territoire(s). (Des) arts de faire (en-) commun » soutenu par Rennes Métropole et l’EUR CAPS.
Non-lieu, ville liquide, ville
générique : la métropole actuelle
et les espaces urbains qui en sont
constitutifs posent des conditions
de vie, de création et de recherche
singulières. Celles-ci sont fortement
dépendantes des enjeux urbains,
sociaux, économiques et politiques
constitutifs de sa construction
et de son fonctionnement. Plus
concrètement, les dynamiques
de transformations permanentes
(grand projet urbain, rénovation
urbaine, recyclage du foncier) à
l’oeuvre dans les métropoles créent
des phénomènes de précarité,
de tensions sociales, de mobilités
subies... Ce qui réunit ces espaces
en projet/transformation, c’est
leur dimension intrinsèquement
temporaire. C’est à ce titre
qu’il semble que la dimension de
temporaire permanent constitue le
caractère dominant de la condition
métropolitaine contemporaine.
Souvent valorisée par les acteurs
publics et privés, dans le champ de
l’art et de l’urbanisme, la question
et les formes du temporaire,
comme celle des modes
d’occupation qui s’y associent et
sont développées par les artistes
et collectifs pluridisciplinaires, ne
cessent de gagner en visibilité: lieu
d’urbanisme transitoire, résidence
d’artiste dans des territoires
en transformation, urbanisme
culturel, aménagement temporaire
d’espace public, programmation
événementielle pour la
concertation des habitants.
Depuis plusieurs décennies,
nombre de chercheurs et acteurs
de la société civile critiquent la
précarisation que ce temporaire
engendre pour les occupants, la
gentrification qu’il implique et
l’instrumentalisation qui peut
être faite de ce type d’initiatives
« alternatives » (Pattaroni, 2020 ;
Piraud, 2020), associée aujourd’hui
au champ d’urbanisme transitoire.
Mais en regard, on constate que
ces logiques du temporaire et du
transitoire stimulent un ensemble
de contre-pratiques, de recherche
d’alternatives et de formes de
résistance, auquel artistes et
chercheurs participent. Certains
s’engagent par exemple dans
l’émergence de nouveaux lieux,
via des dynamiques collectives de
recherche et de création ancrées
sur le terrain, mais déployant
des rapports institutionnels et
politiques différents : tiers-lieux,
artist run-space, collectif citoyen
pluridisciplinaire, programme
de recherche-action... Chacun
revendique un nécessaire ancrage
au sein de la métropole, quand
d’autres assument cette condition
du temporaire.
Dès lors, la dimension « temporaire »
devient parfois constitutive
et constituante d’approches
de recherche et de création
différentes, posant des enjeux
éthiques et épistémologiques
parfois antagonistes. Trois
« régimes » (stock) sont en
particulier observables permettant
de couvrir un panorama de
pratiques tout en structurant un
exercice comparatif : habiter,
occuper et résider. Du fait de
cette appréhension du temporaire,
chacun de ces régimes instaure en
effet des rapports différents à
l’activité et au lieu comme espace
d’inscription et de déploiement.
L’habiter est ici entendu dans
son acception classique : un
régime qui engage le temps long,
l’ancrage local et la quotidienneté.
L’occupation instaure un rapport
de rupture et d’indéfinition, une
portée instituante singulière. Enfin,
la résidence, qui renvoie aussi à un
dispositif institutionnel, induit une
présence temporaire et singulière
aux lieux.
Ces trois régimes déclinent
différentes manières de faire « en
habitant(s) » – entendu comme
nom et participe présent -, que
cette journée d’études propose de
d’urbanisme transitoire, résidence
d’artiste dans des territoires
en transformation, urbanisme
culturel, aménagement temporaire
d’espace public, programmation
événementielle pour la
concertation des habitants.
Depuis plusieurs décennies, nombre de chercheurs et acteurs de la société civile critiquent la précarisation que ce temporaire engendre pour les occupants, la gentrification qu’il implique et l’instrumentalisation qui peut être faite de ce type d’initiatives « alternatives » (Pattaroni, 2020 ; Piraud, 2020), associée aujourd’hui au champ d’urbanisme transitoire. Mais en regard, on constate que ces logiques du temporaire et du transitoire stimulent un ensemble de contre-pratiques, de recherche d’alternatives et de formes de résistance, auquel artistes et chercheurs participent. Certains s’engagent par exemple dans l’émergence de nouveaux lieux, via des dynamiques collectives de recherche et de création ancrées sur le terrain, mais déployant des rapports institutionnels et politiques différents : tiers-lieux, artist run-space, collectif citoyen pluridisciplinaire, programme de recherche-action... Chacun revendique un nécessaire ancrage au sein de la métropole, quand d’autres assument cette condition du temporaire. décrire, afin d’explorer certains des enjeux éthiques, épistémologiques et théoriques qu’ouvre cet impact du temporaire. Au travers de regards critiques et de dialogues entre artistes, acteurs engagés et chercheurs, cette journée d’études se propose de cerner ce qui lie et différencie des formes qui toutes revendiquent un rapport « situé » aux territoires et lieux de recherche et création. Il s’agit ainsi d’observer ce qui constitue peut-être une nouvelle posture de recherche et création, tout autant qu’une stratégie d’action (politique ?) face à la condition métropolitaine actuelle.
4, rue du Bois Perrin
RENNES